Saype, artiste franco-suisse de son vrai nom Guillaume Legros, débarque en Turquie pour la huitième étape de son projet « Beyond the wall » (« Au-delà du mur »). Après Paris, Andorre, Genève, Berlin, Ouagadougou, Yamoussoukro, c’est au tour d’Istanbul d’accueillir les peintures éphémères de 80 m de long, signatures de l’artiste. Celles du projet « Beyond the wall » représentent des mains entrelacées, symbole d’unité dans le monde à travers la plus large chaîne humaine jamais réalisée. À Istanbul, les peintures ont été réalisées dans les jardins de l’université Boğaziçi et sur une barge flottante sur le Bosphore. Saype a accepté de revenir pour Aujourd’hui la Turquie sur ce projet ambitieux.

« Istanbul, c’était un rêve pour moi »
Pour un projet qui prône l’union des civilisations, Istanbul, à la croisée de deux mondes, était une étape essentielle pour l’artiste : « Relier l’Europe et l’Asie ici, ça parait évident. Aucune autre ville n’est bâtie sur deux continents, Istanbul c’était un rêve pour moi ». Saype, qui est marié à une citoyenne turque, a fréquemment visité Istanbul et la Turquie dont il apprécie l’histoire et la spécificité géographique : « c’est l’ancien Constantinople, ça représente une ville centrale dans l’histoire de l’humanité où les cultures orientales et occidentales ne cessent de se croiser ». Pour le message fédérateur porté par « Beyond the wall », le symbole est fort.
« C’est un projet parti du bas »
Si la cité stambouliote était une évidence pour Saype, le passage de la chaîne humaine émane d’abord d’une volonté locale. « Je suis venu ici il y a un an, j’ai posté une photo sur Instagram et j’ai rencontré des gens de la mairie de Beşiktaş qui m’ont dit : “il faut que tu fasses un truc ici !” », explique le grapheur. Les gigantesques mains de la chaîne universelle doivent en effet leur présence à Istanbul à une multiplicité d’acteurs locaux, à commencer par la mairie de Beşiktaş, puis celle d’Istanbul, mais aussi à l’Institut français et au consulat de Suisse.

Un projet qui a plus de sens que jamais
Alors que la pandémie et le réchauffement climatique sont de plus en plus présents dans les consciences collectives, l’œuvre de Saype semble plus que jamais actuelle. « En temps de crise, les êtres humains ont tendance à se polariser, à rejeter l’autre, mais le monde aujourd’hui est hyper connecté, donc ce n’est plus possible. C’est l’un des messages de la chaîne humaine », indique le franco-suisse.

« De la rue à la terre »
Interrogé sur le sens de son métier, Saype répond que « l’artiste doit apporter une technique un peu particulière et exprimer des idées à travers un esthétisme qui lui est propre ». Son œuvre correspond parfaitement à son idée : grâce au développement inédit d’une peinture aux pigments entièrement biodégradables et adhérentes à l’herbe, Saype parvient à toucher les personnes sans toucher la nature. Effets garantis par des tests en laboratoires : l’œuvre de Saype n’a pas plus d’impact sur les parcelles peintes « qu’un troupeau de moutons dans un champ ».
L’ensemble des réalisations du projet « Beyond the wall » photographiées vues du ciel est exposé à la galerie du métro Taksim jusqu’au 8 novembre, ainsi que dans les jardins de l’Institut français d’Istanbul.
Luca Lefevre
Bravo c’est un beau papier ! J’en ai parlé avec christine . on trouve que c est un beau message d espoir par
les temps actuels… ca fait du bien de belles personnes comme ca . Bisous