La vie culturelle istanbuliote

À Istanbul, nous vivons cette année un hiver bien particulier, une alternance entre températures douces et glaciales.

Par Dr. Mireille Sadège
Publié en Avril 2024

La grippe est partout, mais bizarrement, personne ne parle d’isolement ni de distanciation, et encore moins de tests. On peut juste apercevoir quelques masques. Ce qui prime, c’est la volonté de vivre encore plus l’instant présent, malgré la crise économique et malgré les guerres. Alors dans la journée, les quartiers comme Moda, Beşiktaş ou Nişantaşı sont bondés ; les nuits istanbuliotes sont animées, les restaurants et les bars sont pleins. Il en est de même pour la vie culturelle : toutes les salles de spectacles affichent complet. Permettez-moi donc de vous emmener à certains de ces concerts et spectacles qui m’ont particulièrement marquée.

Concert d'ouverture de la saison 2024 à CRR

Le samedi 20 janvier, j’ai été invitée au concert d’ouverture de la saison 2024 de la magnifique salle de concert Cemal Reşit Rey (CRR) de la municipalité d'Istanbul, avec Leticia Moreno et l'Orchestre symphonique du CRR sous la direction du chef Murat Cem Orhan.

La vedette de ce premier concert de la saison intitulée Éloge de la nature était la violoniste espagnole Leticia Moreno. Elle a interprété, sur son violon vieux de 262 ans et fabriqué par Nicolò Gagliano, la célèbre Symphonie espagnole d’Édouard Lalo qui reflète les mélodies et les rythmes espagnols avec émotion et vivacité. Saluée par la critique pour son lyrisme et sa fougue, captivante et brillante, Leticia Moreno nous a fait vivre une soirée inoubliable. Je tiens à féliciter le directeur artistique de CRR, M. Murat Cem Orhan, pour l’excellence de sa programmation mais aussi pour ses choix artistiques très diversifiés et internationaux.

L'opéra La Bohème à l’AKM

Le soir du 25 janvier j’étais au centre culturel Atatürk (AKM), pour voir La Bohème, chef-d'œuvre du compositeur Giacomo Puccini, mis en scène par l'Opéra et le Ballet d'État d'Istanbul. Par sa somptueuse musique et son intrigue basée sur une histoire vraie, cet opéra dramatique et romantique est l'un des opéras les plus mis en scène et les plus appréciés au monde. Le livret a été écrit par Luigi Illica et Giuseppe Giacosa.

Reflet de la vie politique et sociale en France, notamment la vie de bohème, entre les révolutions de 1830 et 1848,  l'œuvre raconte la vie d'un groupe d'amis artistes et bohèmes, et une touchante histoire d'amour à la veille de Noël à Paris.

L'œuvre, chantée en italien, a été mise en scène par Evin Atik, avec une chorégraphie de Şebnem Şenel.  L'Orchestre de l'Opéra et du Ballet d'État d'Istanbul était dirigé par İbrahim Yazıcı.

Gülbin Günay (dans le rôle de Mimi), Berk Dalkılıç (Rodolfo), Alper Göçeri (Marcello) et Anna Sirel Etyemez (Musetta) ont reçu une longue ovation du public.


Hommage à la pianiste Aysegül Sarica

Le 2 février, de nouveau à l’AKM, je suis allée applaudir Gülsin Onay l'une des plus grandes pianistes de Turquie qui représente avec succès son pays dans le monde entier. Elle était accompagnée par l'Orchestre symphonique d'État d'Istanbul placé sous la direction d’Alessandro Bonato pour un concert d'hommage à la pianiste Aysegül Sarıca, disparue l'année dernière.

Aysegül Sarıca étant une inoubliable interprète de Robert Schumann, hommage était également rendu à ce compositeur. Gülsin Onay a magnifiquement interprété, en première partie du concert, le Concerto pour piano en la mineur op. 54 de Schumann, tandis qu’en seconde partie, l'Orchestre a magistralement joué sa Symphonie n° 2 en do majeur op. 61.

Un concert pour célébrer le traité de l’Élysée

Le 13 février, je ne me suis pas rendue dans une salle de spectacle, mais au consulat d’Allemagne pour un écouter un trio exceptionnel formé des consuls généraux d’Allemagne et de France, messieurs Johannes Regenbrecht et Olivier Gauvin, et de la flûtiste Nihan Atalay. Les deux consuls, remarquables musiciens, ont eu la formidable idée de célébrer le 61e anniversaire du traité de l’Élysée par un concert où le consul général de France était au piano, et le consul général d’Allemagne, à la flûte.

Parmi les invités, deux pianistes virtuoses, les sœurs Güher et Süher Pekinel qui, quelques jours plus tôt, venaient de recevoir dans le cadre des International Classical Music Awards 2024 (ICMA) le prix pour l'ensemble de leur carrière.