Huile d’olive IV - La production et l’exportation turques en augmentation

Après deux mois d’intervalle, nous allons clore pour l’instant le dossier de l’huile d’olive entamé quelques mois plus tôt.

Par Eren M.Paykal
Publié en Juin 2024

Concentrons-nous sur la situation en Turquie.

Selon les données du Conseil oléicole international qui regroupe 18 états membres producteurs d’huile d’olive, même si la production globale a fortement diminué en raison de la sécheresse en Espagne et en Italie, la production et les exportations ont augmenté en Turquie. Lorsque l'on regarde la production d'huile d'olive en Turquie, on constate une grande fluctuation selon les récoltes au début des années 1990. En moyenne, la production est d'environ 80 000 tonnes les années fructueuses, et de 40 000 tonnes les années moins bonnes. Il y a aussi des années très instables, comme la période 1993-1994 (48 000 tonnes) et la période 1994-1995 (160 000 tonnes).

On peut dire qu'à mesure de l’augmentation du nombre d'arbres (qui a atteint 200 millions), la différence entre les années productives et les années moins productives s'est considérablement réduite. La production de ces dernières années le confirme. Au cours de la saison 2017-2018, la production d'huile d'olive de Turquie a fortement augmenté, atteignant 263 000 tonnes. La production, qui était de 193 500 tonnes en 2018-2019, 230 000 tonnes en 2019-2020, 193 500 tonnes en 2020-2021, a atteint 205 000 tonnes en 2021-2022. En 2022-2023, un record absolu a été battu avec la production de 380 000 tonnes d'huile d'olive selon le Conseil oléicole international (421 000 tonnes selon le Conseil national turc de l'olive et de l'huile d'olive). En d’autres termes, la Turquie a battu un record de production alors que la production européenne diminuait drastiquement. La production attendue cette année est de 180 000 tonnes.

Malgré cela, les chiffres pour l’exportation sont toujours instables, et les objectifs ne pourront être atteints que dans quelques années. Les exportations turques s'élevaient en moyenne à environ 10 000 tonnes dans les années 1990, avec néanmoins des hausses : 55 000 tonnes en 1994-95 et 86 000 tonnes en 1998-1999. Toutefois, l’exportation en 1999-2000 se limitait à 16 500 tonnes. En 2000-2001, le record de cette période a été battu avec 92 000 tonnes. Les années suivantes, on constate à nouveau de fortes fluctuations : 12 000 tonnes pour la saison 2010-2011, 92 000 tonnes pour 2012-2013. En moyenne, on enregistre une exportation de 45 à 50 000 tonnes les dernières années et, selon les données des associations d'exportateurs de l’Égée, l’exportation aurait dépassé les 150 000 tonnes au cours de la saison 2022-2023.

Selon les données de l'Association égéenne des exportateurs d'olives et d'huile d'olive, les exportations d'huile d'olive, qui s'élevaient à 58 271 tonnes au cours de la saison 2021-2022 (1er novembre 2021 ‒ 31 octobre 2022), ont augmenté de 158 % pour atteindre 150 618 tonnes au cours de la saison 2022-2023. Au cours de la même période, les recettes d'exportation ont augmenté de 259 %, passant de 201.491.000 USD à 723.000.858 USD. Alors que l'huile d'olive s’exportait en moyenne à 3,46 dollars le litre lors de la saison 2021-2022, elle a été exportée à 4,81 dollars le litre durant la saison 2022-2023. Il s'agit du prix moyen pour la période du 1er novembre 2022 au 31 octobre 2023.

Malheureusement, la consommation intérieure de l'huile d'olive souffre de la diminution du pouvoir d'achat et de l'augmentation des prix.

La situation est aussi alarmante en Europe. Selon le Conseil oléicole international, le prix de l'huile d'olive extra vierge a atteint 7,97 euros le litre en Espagne au cours du mois d’octobre 2023, soit une augmentation de 80,2 % par rapport à la même période de la saison précédente. En Italie, le prix a augmenté de 63,8 % pour atteindre 8,7 euros au cours de la même période ; en Grèce, de 123,2 % (7,7 euros). En Tunisie, le prix de l'huile d'olive extra vierge était de 8,2 euros en septembre 2023. Cette hausse des prix dans le monde se reflète également en Turquie. L’instabilité dans les marchés a tendance à se poursuivre cette année aussi.

En finalisant ce chapitre, je voudrais tout de même ajouter une note sentimentale à propos de ce fruit ancestral qu’est l’olive. En 2019, le Conseil oléicole international susmentionné (COI) et l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) ont décidé de célébrer, le 26 novembre de chaque année, la « Journée mondiale de l'olivier ». L'UNESCO avait d’ailleurs ajouté l'olivier, arbre millénaire, à la liste du Patrimoine culturel immatériel.

L'olivier, riche d’une histoire d'environ 60 000 ans, est présent partout, depuis les livres saints de la Mésopotamie, la mythologie grecque où, dédié à Athéna, il symbolise la sagesse de la déesse, jusqu’à ses branches ornant le drapeau des Nations Unies (ONU).

En Egée, les anciens disent :

On dit que celui qui coupe des oliviers tue des gens. / L’olive, c'est la vie. / C'est un miracle de la nature. / Il ne nécessite pas beaucoup d’eau et n’est pas capricieux. / Il vit longtemps. / Il propose des fruits exceptionnels. / C'est un don pour l’Humanité. / Maudit soit celui qui coupe les oliviers !

Ainsi soit-il.

Eren Paykal