En raison de la date d'impression régulière du journal, il nous était en effet impossible d'évaluer les résultats du scrutin du 31 mars dans notre édition d’avril dernier. Nous tenterons donc de faire cette analyse dans ce numéro, en examinant ce que pensent les acteurs des « nouveaux médias en Turquie ».

Nous avons utilisé le concept de « nouveaux médias ». Bien que ce phénomène ne soit pas spécifique à la Turquie, il a atteint dans ce pays, au cours des deux dernières années, un taux d'audience bien supérieur à la moyenne mondiale. À la surprise de tous, des journalistes célèbres, qui avaient quitté les médias écrits ou visuels dans lesquels ils travaillaient (ou en avaient été licenciés), ont pu trouver de nouveaux espaces de visibilité sur YouTube et y atteindre un large public.

Nous constatons que ces « nouveaux médias » ont largement contribué à la victoire aux dernières élections locales du principal parti d'opposition, le CHP. Trois journalistes expérimentés ont tenu une place de premier plan dans ces « nouveaux médias » : Fatih Altaylı, Yılmaz Özdil et Can Ataklı. Citons aussi Uğur Dündar, un autre phénomène journalistique de longue date et « sans histoire », qui a su maintenir sa popularité quel que soit le pouvoir politique. Et ces deux professeurs d'université que Fatih Altaylı, dans ses émissions, a rendus populaires auprès des téléspectateurs : le Prof. Dr. İlber Ortaylı et le Prof. Dr. Celal Şengör. Avec les programmes qu’ils ont présentés ou auxquels ils ont participé, ces sept héros de médias, qui œuvrent avec constance et persévérance à des programmes visant à la victoire du principal parti d'opposition, ont battu des records d'audience.

Outre ces personnalités, il existe également de nombreux YouTubers avec des taux d’audience élevés qui ont apporté leur contribution de différentes manières pour les deux dernières élections. Citons principalement Oğuzhan Uğur, fondateur de la chaîne Youtube BaBaLa TV, qui, avec des programmes comme Mevzular : Açık Mikrofon et diverses pages dans les réseaux sociaux, est suivi par un nombre record d’utilisateurs dépassant à chaque fois plusieurs millions de vues.

Après les élections, le commentaire le plus intéressant émis par Fatih Altaylı qui, selon nous, a exercé une influence majeure auprès des électeurs par ses commentaires quotidiens sur la victoire du CHP, portait sur la presse étrangère. Il a vociféré sur la presse étrangère, qu'il a qualifiée d’« orientaliste et stupide incapable de comprendre la Turquie ».

Décrivant différents médias européens comme placés sous contrôle de l'État, « les Britanniques et surtout les Européens, comme nous l'avons vu hier dans l'exemple néerlandais, ont révélé qu'ils voulaient vraiment qu'Erdoğan gagne afin de maintenir la Turquie comme dépôt d'immigrants. Maintenant İmamoğlu, Erdoğan.... Vous saviez très bien ce qui s'était passé, vous aviez lu des articles sur la Turquie hier, tout allait en ce sens. Vous l’ignorez, mais ils ne comprennent vraiment pas la Turquie. La presse turque qui suit les développements politiques dans les pays étrangers ont des connaissances beaucoup plus approfondies que la partie de la presse étrangère qui suit les développements en Turquie. »

Il ne semble pas possible d'être en désaccord avec lui sur cette question !

Résultats des élections locales de 2024 (31 mars 2024)

Parti                   Nombre de voix               Pourcentage

CHP                 2024 : 17 391 548                 37,77 %    (+10,29)

                      2019 : 12 760 932                  27,48 %

AK Parti          2024 : 16 339 771                35,49 %    (-3,37)

                      2019 : 18 043 581                 38,86 % 

Élections législatives (14 mai 2023)

Parti                   Nombre de voix              Pourcentage

AK Parti             19 387 412                        35,61 %

CHP                  13 791 299                      25,33 %

Au vu de ces résultats, les Turcs, en particulier ceux des villes et des régions à fort développement économique, souhaitent un changement. Il y a un sujet sur lequel j'ai travaillé il y a des années : l'alternance . Ce doit être un concept que tout comme moi, mes deux autres chroniqueurs ont retenu des séminaires doctoraux donnés par nos professeurs à l’université de la Sorbonne. Car j’ai remarqué que trois auteurs de notre journal, dont moi, avons utilisé ce mot magique au moins 89 fois. « Alternance démocratique » et/ou « Alternance politique », il est évident que tout se cache dans ces deux concepts à part entière.

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Questions-réponses à l’Assemblée nationale : un show Attal

Nous avions déclaré le mois dernier que le bureau du Premier ministre avait cessé de fonctionner en pratique. Et en effet, depuis le 3 avril, la tradition selon laquelle les ministres répondent aux questions des députés chaque mercredi au Parlement a été abolie. Le Premier ministre répondrait désormais à toutes les questions…

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« Les élections européennes et les nouvelles pratiques médiatiques »

Les 17 et 18 avril, nous avons participé aux sommets organisés par l'unité des services aux médias du Parlement européen à Bruxelles. Cela faisait longtemps que je n’étais pas allé au Parlement européen. J'ai pu observer sur place une « usine géante » complexe. Nous avons eu la chance d’assister à un certain nombre de panels et d’entretiens utiles.

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Un cœur nomade au Pont des Arts à Paris

Nous avons visité, avec mon ami Celal Bıyıklıoğlu, l’exposition à ciel ouvert Un cœur nomade, où des panneaux géants reproduisant des extraits des romans graphiques de Dany Laferrière habillent le Pont des Arts à Paris et le parvis de l’Institut de France du 5 avril au 12 mai.

Les panneaux sont des extraits de ses livres illustrés autobiographi