6e sixième édition du Concours International de Piano Istanbul Orchestra’Sion

« Ce concours a quelque chose d’assez poétique car le lycée résonne de tous ses pianos »

Par Dr. Mireille Sadège
Publié en Juin 2024

« Ce concours a quelque chose d’assez poétique car le lycée résonne de tous ses pianos »

Alexandre Abellan, président du Concours et directeur du lycée français Notre-Dame de Sion, revient sur la sixième édition du Concours International de Piano Istanbul Orchestra’Sion qui s’est déroulée du 1er au 4 avril.

Comment s’est passée la 6e édition du concours ?

Le fait d’avoir changé complètement le jury a donné, à mon avis, une perspective différente, c’est-à-dire un regard différent sur le type de musiciens et sur le concours lui-même. On avait des membres du jury très prestigieux, comme Lukas Geniušas et Etsuko Hirose par exemple. Ces personnalités ont, je pense, un peu changé la nature des résultats parce que nous sommes véritablement dans un concours. Le lauréat de cette année a fait une performance particulièrement remarquable et appréciée le jour de la finale ; il n’était pourtant pas le favori. C’est là la réalité des concours : un candidat peut très bien faire une très bonne semaine et ne pas réussir sa finale.

Qu’est-ce que ce concours représente pour le lycée ?

C’est un concours qui ancre le lycée dans une tradition à la fois intellectuelle, académique, et d’un profond attachement à la culture. La musique, le piano en particulier, est un art extrêmement exigeant qui demande des disciplines de travail et de vie vraiment très dures. Elle est en contrepoint de l’image de notre lycée, avec notre vocation d’un certain académisme et d’un certain classicisme, mais dans le sens positif du terme. C’est une tradition culturelle très forte et très importante pour moi. Ce concours reflète ces valeurs de travail et d’écoute, parce que le jury d’élèves en particulier doit être extrêmement attentif à ce qui se passe pour pouvoir choisir le candidat, et exigeant pour juger cette excellence. Parce qu’être excellent, c’est le propre d’un concours.

Vous avez dit qu’il y a un lien important entre les études des élèves et la musique. Pourquoi ?

Parce que la musique est une école de vie. Elle apprend la discipline et la répétition, qui amènent à une œuvre. Ensuite, la musique oblige à s’ouvrir et à s’écouter. C’est un langage en soi, un langage profond. C’est presque une quatrième langue ! Nos élèves sont turcophones, francophones, anglophones, et ceux qui viennent en raison de notre projet musical, parce qu’ils sont aussi musiciens, ont un quatrième langage. On lit la musique, et un vrai musicien entend ce qu’il lit dans sa tête. Ce sont des forces et dimensions supplémentaires qui se rajoutent à l’éducation de nos élèves.

Ce concours est-il une ouverture du lycée à l’international ?

Nous sommes très heureux d’entendre le nom de notre lycée à l’international grâce à ce concours. Je tiens d’ailleurs à souligner l’intérêt grandissant des organisations comme la Fédération Mondiale des Concours Internationaux de Musique et la Fondation Alink-Argerich qui suivent notre concours. Ils se sont déplacés pour voir la qualité du concours et aussi pour pouvoir le présenter aux futurs candidats. Et j’étais très content de voir les autres directeurs des lycées présents ce soir-là, chacun ayant son domaine d’activité et son identité propre. Nous pouvons être fiers du niveau qu’en très peu d’années, nous avons réussi à atteindre dans ce concours qui a désormais une résonance internationale, à la hauteur de certains concours italiens, français ou autrichiens. Il faut aussi rappeler que nous sommes un lycée turc, et qu’il nous tient à cœur de faire rayonner aussi nos artistes turcs à travers ce concours : Ali Darmar compose à chaque édition une œuvre originale et remet son propre prix, et dans le cadre du Prix Cemal Reşit Rey, il y a en finale une œuvre imposée du compositeur.

Comment voyez-vous le prochain concours ?

Cette année, nous avons tenté une formule réduite du concours puisque nous disposions de moins de jours (quatre jours de compétition, ndlr) et sélectionné moins de candidats – sur un nombre total plus important. Je pense qu’on reviendra à une formule plus élargie parce que nous avons constaté que cette intensité n’est pas bonne non plus pour les membres du jury. Et avec plus de journées et de candidats, le lycée résonne de tous ses pianos ! C’est quelque chose d’assez beau et d’assez poétique, le lycée vibre au son du piano pendant une semaine Je conçois ainsi la prochaine édition : plus élargie, d’un niveau toujours plus haut.

Propos recueillis par Mireille Sadège