29 mars 2024 : intégration de la Roumanie et de la Bulgarie dans l’espace Schengen

Alors que l’actualité internationale est de plus en plus agitée, nous avons appris l’intégration partielle de ces États de l’ex-Europe de l’Est dans l’espace Schengen.

Par Dr. Olivier Buirette
Publié en Juin 2024

Quel aboutissement d’un long parcours pour une Roumanie sortie dans la douleur du communisme de Ceaucescu en décembre 1989 avec l’arrivée au pouvoir du réformateur Ion Illescu, et pour une Bulgarie qui devra attendre le début des années 90 et l’arrivée au pouvoir de Jeliou Jelev après la démission forcée de Todor Jivkov en novembre 1989 !

Ce fut un long parcours en effet, qui verra en premier lieu l’élargissement de ces deux pays à l’OTAN (la Roumanie le 29 mars 2004, et la Bulgarie en 2004 également), puis leur intégration dans l’Union européenne en 2007.

Mais nous le savons, entrer dans l’UE se fait en plusieurs étapes : avec entre autres l’intégration dans un espace de libre circulation, c’est-à-dire l’abaissement des barrières douanières et la liberté des échanges ; mais aussi l’entrée dans la zone euro, c’est-à-dire la monnaie unique.

Si cette étape de Schengen, même partielle, est importante, la Roumanie et la Bulgarie, à la différence d’autres pays de l’Europe centrale et balkanique comme la Slovaquie, la Slovénie ou la Croatie, sont encore loin de la monnaie unique.

Les accords de Schengen avaient été conclus, rappelons-le, le 14 juin 1985, et entrés en vigueur le 26 mars 1995. Dans la pratique, c’est la concrétisation de l’union douanière (ou Zollverein), c’est-à-dire la libre circulation des personnes et des biens, ainsi que la fin des frontières et bien sûr une harmonisation des pays membres de cet espace. En résumé, et avant le traité de Maastricht en 1992 et le passage d’une Communauté économique à une Union européenne, c’était la réalisation de la construction économique européenne, en l’occurrence le but poursuivi depuis les années 50 : la création d’une sphère de coprospérité économique.

En cela, nous pouvons dire que l’intégration dans la zone Schengen de la Bulgarie et de la Roumanie représente une étape importante. Car pour ces pays, le mécanisme des élargissements, après la chute du mur de Berlin en 1989, consistait en premier lieu à intégrer le plus rapidement possible l’alliance militaire de l’Ouest, à savoir l’OTAN, puis à entrer dans l’Union européenne dans la mesure où celle-ci était identifiée en tant qu’espace de partage de la prospérité économique occidentale.

C’est en tout cas ce que ces pays espéraient à l’aube des années 2000. Bien entendu, les crises successives de l’UE et l’échec de l’étape suivante à l’Union monétaire que fut le rejet du Traité constitutionnel, devaient les faire déchanter.

Toutefois, et cela reste une espérance, les processus suivant ces élargissements se poursuivent avec l’entrée progressive dans la zone euro et donc l’intégration dans l’espace Schengen, comme c’est à présent le cas pour la Roumanie et la Bulgarie.

La carte des pays aujourd’hui intégrés dans cet espace est tout à fait impressionnante, et montre une fois de plus que l’abaissement des frontières n’était pas une utopie.

Alors que notre continent traverse ces dernières années une période bien sombre, cette nouvelle constitue une belle touche d’optimisme pour l’avenir. À l’aune de ces nouveaux paramètres, il nous faudra observer ce que seront les résultats des élections européennes du 9 juin prochain.

Dr Olivier Buirette