La finesse du XVIIIe siècle

Depuis la fin du XVIe siècle, les toiles en coton peintes ou teintes provenant de l’Inde rencontrent un énorme succès en Europe et plus particulièrement en France. Ces toiles représentent des motifs raffinés très appréciés par la royauté française.

Par Gözde Pamuk
Publié en Février 2023

Jean-Baptiste Colbert, l’un des principaux ministres de Louis XIV, crée en 1664 la Compagnie française pour le commerce des Indes orientales, afin de favoriser le commerce entre l’Inde et la France.

Caractéristique importante de la mode de cette époque, ces toiles peintes importées nommées « Indiennes » sont utilisées aussi bien pour la fabrication de vêtements légers que pour celle de tissus d’ameublement comme les rideaux, les sièges. Suite à l’apparition d’un marché noir, Louis XIV interdit les Indiennes en France. Ceci va permettre indirectement la naissance de la toile fabriquée à la française.

Fils et petit-fils d’un teinturier allemand, Christophe-Philippe Oberkampf était le directeur d’une imprimerie « indienne » et a travaillé à Jouy-en-Josas, commune proche de Paris et de Versailles traversée par l’eau pure de la Bièvre. Offrant un magnifique paysage encore aujourd’hui, cette région bénéficiait de grands prés où Oberkampf pouvait sécher ses toiles. Il y imprime sa première toile de Jouy le 1er mai 1760. Dans cet environnement fabuleux entouré d’espaces verts, il achète progressivement plusieurs terrains près des sources de la Bièvre pour ainsi contrôler la qualité des eaux.

En 1790, Oberkampf devient le premier maire de Jouy-en-Josas, et sa manufacture la deuxième entreprise de France après Saint-Gobain. Il est naturalisé français et anobli par Louis XVI.

Afin de faciliter l’accès à son usine de toile, Oberkampf demande à Napoléon l’autorisation de construire un pont. Suite à l’accord de Napoléon, le pont d’Austerlitz ‒du nom de la célèbre bataille remportée par l’Empereur ‒ est alors construit dans cette région en 1806. Ce pont est toujours accessible aujourd’hui, malgré l’invisibilité de la rivière qu’il enjambait.

Oberkampf continuera à créer différentes techniques d’impression, qui seront plus tard adoptées par d’autres maisons sous l’appellation française commune « toile de Jouy ».

Le 20 juin 1806, lors d’une visite des ateliers, Napoléon donne à Oberkampf la légion d’honneur. Un premier musée de la toile de Jouy s’ouvre en 1977 au château de Montebello. Le musée se trouve aujourd’hui au château de l’Églantine, et accueille ses visiteurs qui souhaitent voyager dans le temps.

Gözde Pamuk