Futurs élargissements de l’Union européenne : état des lieux au second semestre 2024

En juillet 2024, la Hongrie accédait à la présidence de l’Union européenne. Sans tarder et en dehors de tout mandat délivré par l’UE, le premier ministre Viktor Orban prenait l’initiative d’une première visite en Ukraine, suivie de très peu par une visite à Moscou puis à Pékin afin de lancer ce qu’il appelle lui-même une « mission de paix 3.0 ».

Par Dr. Olivier Buirette
Publié en Octobre 2024

Dans un contexte européen marqué par un renforcement de l’extrême droite aux élections européennes du 9 juin et dans les diverses consultations électorales dans l’ensemble de l’Europe (UE et hors UE), le second semestre de l’année 2024 qui commence est donc fort riche en événements alors que le débat sur les prochaines vagues d’élargissements de l’UE se poursuit.

Le dernier en date remonte à 2013 avec la Croatie, terminant ainsi, en quelque sorte, l’intégration de la partie nord de l’ex-Yougoslavie, la Slovénie étant entrée dans l’Union avec la vague de 2004.

Sur cette question de la reprise du processus d’élargissement, trois points sont en fait à préciser.

Le premier est une mécanique liée à la guerre entre la Russie et l’Ukraine depuis le 24 février 2022. La déstabilisation régionale devait alors relancer le souhait des pays impactés d’intégrer d’une part l’OTAN par souci de protection militaire, et d’autre part l’UE comme sphère de stabilisation économique. L’Ukraine est donc la première sur cette liste, mais aussi la petite Moldavie pour des raisons évidentes liées au front sud de ce conflit. Et dans une moindre mesure, la Géorgie qui avait déjà tenté cette émancipation de ladite zone d’influence russe à l’été 2008 ‒ essai soldé par un échec.

Le deuxième de ces points est la poursuite des souhaits d’intégration des pays de l’ex-Yougoslavie. Le processus est plus lent, quoiqu’une perspective d’environ une décennie ait été évoquée. Il va donc concerner, même si en dehors de la zone, l’Albanie ; mais aussi la Bosnie-Herzégovine, stabilisant ainsi le fragile équilibre des accords de Dayton de 1995. Et enfin, le reste de la zone avec la Serbie ‒ sous réserve de la normalisation de la situation au Kosovo autoproclamé indépendant depuis 2008 ‒ ainsi que la Macédoine du Nord.

Pour cette dernière, cela sera plus long, d’autant que cette partie de la région reste instable : les dernières élections remportées par l’UMRO sont là pour l’illustrer.

Le dernier et troisième point concernera l’éternelle question des frontières « définitives » de l’Union européenne, pour conclure des élargissements de moins en moins populaires dans une opinion européenne sceptique ‒ les scrutins du renouvellement du Parlement européen le 9 juin dernier l’ont montré. Quelles solutions envisager à l’avenir ?

Le flou politique qui se ressent au niveau des résultats des dernières élections dans les pays européens ne permettra pas d’y voir clair avant un certain temps. Les défis restent cependant les mêmes, à savoir en premier lieu l’affirmation de l’identité de notre continent européen face au retour de plus en plus manifeste des grandes puissances qui l’entourent.

Est-il nécessaire de rappeler que c’est de cette faiblesse qu’ont été issus les deux premiers conflits mondiaux ? Alors que le XXIe siècle termine son premier quart, le temps de relever ce défi s’impose pour les générations des décideurs politiques à venir.