Hüseyin Çağlayan au Musée Sakıp Sabancı

C'était un mois de janvier inhabituellement chaud à Istanbul. Alors que des chutes de neige étaient attendues, le premier mois de 2023 n'a même pas connu de pluie et ressemblait au printemps. Nous redoutions la sécheresse, mais il faut admettre que c'était un temps idéal pour voyager

Par Sırma Parman
Publié en Février 2023

C'était un mois de janvier inhabituellement chaud à Istanbul. Alors que des chutes de neige étaient attendues, le premier mois de 2023 n'a même pas connu de pluie et ressemblait au printemps. Nous redoutions la sécheresse, mais il faut admettre que c'était un temps idéal pour voyager. Durant ces deux bonnes semaines, je ne me lassais pas de marcher sur la plage de Caddebostan et j'ai passé beaucoup de temps à l'extérieur, tant du côté anatolien que du côté européen.

C’est ainsi que le mois dernier, je suis allée voir l'exposition Souffleur de Hüseyin Çağlayan au Musée Sakıp Sabancı. Hüseyin Çağlayan est l'un des artistes qui me passionnent le plus. Je voulais aller voir l'exposition dès son vernissage, mais je n'ai pas trouvé le temps.

Née en 1970 à Nicosie, en République turque de Chypre du Nord, Çağlayan a immigré en Angleterre avec sa famille alors qu'il était encore enfant. En 1993, il a obtenu un diplôme de première classe au département de la mode du Central Saint Martins à Londres, et est aussitôt entré dans le monde de la mode. L'artiste, qui a signé des défilés de mode qui ont marqué non seulement le monde de la mode, mais aussi les milieux de l'art contemporain, est pour moi l'un des noms emblématiques de l'intégration de la mode à l'art.

Çağlayan tint une exposition à grande échelle à la Power Station of Art de Shanghai en novembre 2021. Bien sûr, je n'ai pas pu m’y rendre, mais j'ai été très heureuse de constater que Çağlayan s'était fait une place dans le monde de l'art en Extrême-Orient. En 2015 déjà, l'artiste s'était vu décerner le titre de maître par la DeTao Masters Academy, qui organise des événements consacrés à l'innovation, la créativité et le commerce en Chine. De plus, il y a quelques années, la marque chinoise AMII a réalisé une belle collaboration avec Çağlayan.

Reprenons à notre sujet. L’exposition Souffleur de Hüseyin Çağlayan au SSM porte sur le corps et l'anthropologie moderne à travers les nouveaux médias. L'exposition se compose de trois séries d'œuvres. Bien que le concept soit intéressant, le tout m'a semblé peu exhaustif. Les séries d'œuvres étaient les suivantes : Pre-tension, inspirée par le concept d'envie, fréquemment rencontré et critiqué dans la culture populaire ; Fake Celebrations, qui proteste contre l’abstraction numérique croissante, et Post-Colonial Body, qui traite de la danse et des mouvements corporels des groupes ethniques colonisés par l'Occident dans l’histoire.

Cependant, l'exposition illustrait parfaitement l'art de Çağlayan. Ces trois séries reflètent la perspective critique de Çağlayan sur la culture populaire et le monde de la mode. Les œuvres du groupe Post-Colonial Body suscitent particulièrement la réflexion. Au cours de notre vie quotidienne, nous considérons comme acquis divers codes de comportement et pouvons oublier l'impact des événements historiques sur notre perception du corps. Post-Colonial Body, une étude de la danse et du mouvement des sociétés colonisées par la culture occidentale, s'inspire de l'Amérique du Sud et du Japon. L'artiste y reflète les effets économiques, culturels et sociaux causés par l'occupation américaine dans ces pays en utilisant la cartographie 3D. Fondées sur l'imaginaire et l'investigation, ces œuvres expriment à la fois un bonheur forcé et un esprit de contestation.

Je vous recommande vivement de voir la prochaine exposition de Hüseyin Çağlayan. Je vous tiendrai au courant des prochaines expositions de l'artiste.

Sirma Parman

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