Nous avons ces derniers mois été témoins d’agressions lâches contre les plus faibles de la société : les enfants. Nous avons évoqué le sujet le mois dernier, en abordant les droits de l’Enfant.
La maltraitance et le harcèlement sexuel dont sont victimes les enfants devraient être punis d’une façon radicale. C’est malheureusement loin d’être le cas en Turquie, la justice étant peu attentive à ce sujet.
Mais les nouvelles sont alarmantes. Le nombre croissant de cas de maltraitance, de harcèlement et de négligence envers les enfants souligne une fois de plus que ce sujet est une réalité que la République turque, la justice et les parents ne peuvent ignorer.
Justement, penchons-nous sur les conseils adressés aux parents. Les experts soulignent qu’en cas de suspicion de maltraitance et de harcèlement envers les enfants, quelques signes peuvent constituer de sérieux avertissements : en particulier, quand l’enfant devient soudainement silencieux et semble anxieux comme s'il était menacé…
Que devez-vous faire si vous pensez qu’un enfant est victime de maltraitance ?
Selon le rapport 2023 de la Direction générale des registres criminels et des statistiques du Ministère de la Justice (Adalet Bakanlığı Suç Kayıtları ve İstatistik Genel Müdürlüğü), les cas de violence et d'abus contre les enfants occupent en Turquie la première place parmi les problèmes à traiter en urgence.
En effet, selon les données 2022 de l'Institut turc de Statistique (TUIK), le nombre d'enfants exposés à des abus sexuels a augmenté de 287 % au cours des neuf dernières années. Toutefois, comme il n’existe pas de données régulières sur les enfants négligés ou maltraités en Turquie, il est difficile de dresser un tableau clair de la situation.
Il est donc très important de déceler les abus sexuels sur les enfants et d’agir correctement. Les experts ont expliqué comment les parents doivent procéder en cas de soupçons de maltraitance et de harcèlement sur leurs enfants.
Quels sont les signes avertisseurs de la maltraitance sur les enfants ?
Le comportement des enfants exposés à des abus sexuels constitue un avertissement pour les parents. Le parent ou l'adulte doit d'abord être conscient des signes de maltraitance envers l'enfant.
Apprendre les signes avant-coureurs d’un abus sexuel sur enfant peut sauver des vies. Vous pouvez déceler des changements comportementaux ou physiques qui peuvent indiquer qu'un enfant est victime de maltraitance et de harcèlement.
Ainsi, si l’enfant :
- Évite le contact physique,
- paraît anxieux comme sous une menace constante,
- montre des comportements de régression qui ne sont pas en rapport avec son âge, comme la succion soudaine du pouce, la sieste, etc.
- modifie ses comportements d'hygiène (bain excessif ou au contraire peur du bain…),
- présente des troubles du sommeil, des peurs soudaines, des cauchemars,
- présente des comportements sexuels inadaptés à son âge,
ces comportements peuvent être considérés comme des signes. Ces enfants commencent à utiliser des termes inhabituels à leur âge, deviennent soudainement silencieux, voire ne parlent pas du tout. Des ecchymoses, un gonflement de la région génitale et du sang sur les draps ou les sous-vêtements sont évidemment des signes alarmants.
Les experts considèrent qu'il est important que les parents qui soupçonnent que l'enfant a été abusé sexuellement communiquent avec l'enfant, mais dans des conditions adéquates.
« Vous devez choisir soigneusement l’environnement dans lequel vous parlez. Choisissez un environnement dans lequel l'enfant se sentira plus à l'aise et où il n'y aura pas de menace ni d'agresseur potentiel. Demandez même à l’avance à l’enfant où il aimerait parler. Votre ton ne doit pas être sérieux, cela l’intimiderait. Parce qu’il aura peur. Parlez sur un ton détendu, sans menaces ni anxiété. »
Les jeunes enfants, en particulier, risquent de ne pas comprendre pleinement vos paroles. Par exemple, expliquez ce que signifie le mot « toucher ». Il se peut que vous n'obteniez pas toujours des réponses correctes à vos questions. N'insistez pas, ne lui donnez pas l'impression que vous essayez de lui faire pression. Écoutez et suivez. Donnez-lui le temps de faire une pause et de réfléchir.
Parlez directement à l'enfant. Posez des questions qui utilisent le vocabulaire propre de l'enfant, mais qui sont quelque peu vagues. Par exemple : « Est-ce que quelqu'un t’a touché ? » « Toucher » dans ce contexte peut signifier différentes choses, mais il s'agit probablement d'un mot que l'enfant connaît bien. L'enfant peut répondre par des questions ou des commentaires pour vous aider à mieux évaluer la situation, par exemple : « Personne ne me touche sauf ma mère à l'heure du bain » ou « Est-ce que c'est comme si ma cousine me touchait parfois ? » L'enfant peut ne pas comprendre l'ampleur de l'abus sexuel, donc lui demander si quelqu'un l'a « blessé » ne révélera peut-être pas l'information que vous recherchez. Évitez les jugements et les reproches, expliquez que vos questions ne visent pas à le blâmer, mais que vous les posez parce que vous vous inquiétez pour lui.
Peu importe à quel point vous êtes anxieux face à ces problèmes, soyez patient et essayez de ne pas montrer votre état d'anxiété. De nombreux agresseurs menacent les enfants de représailles s’ils informent leurs parents. Ces menaces rendent difficile l’aveu de votre enfant. Soyez patient et rassurez-le.
Bien évidemment, contacter les autorités judiciaires en cas de suspicion d'abus et de harcèlement est une urgence d’ importance cruciale.
Mais souvent, les secrets restent enfouis au sein des familles, pour des raisons psychologiques. « La famille peut essayer de cacher les abus dont l'enfant a été victime car cela pourrait être un motif d'étiquetage. Si une telle situation survient au sein ou à l'extérieur de la famille, les adultes peuvent essayer de la dissimuler en pensant à tort qu'elle affectera gravement toute la famille. » En général, en raison de la structure de la société turque, les personnes exposées à des abus sexuels peuvent avoir tendance à cacher ces abus par peur de la stigmatisation sociale.
Ces avis recueillis auprès d'experts sont importants et peuvent sauver l'avenir de nos enfants. La justice turque devra être plus attentive et réactive.
Ne touche pas à mon enfant !