« A quiet parade of the cosmos » est la nouvelle exposition originale de l'artiste turc Can Memişoğulları. Dans le cadre du festival annuel de photographie 212 Photography Istanbul, l'artiste a investi l'église Saint-Benoit pour faire découvrir son œuvre au public. (un article de Hannah Berthomé)
Montez les marches qui conduisent à l'entrée de l'église Saint-Benoit et laissez-vous imprégner de l'ambiance austère et tranquille de la plus ancienne église catholique de la ville. Plus qu'un lieu abritant l'exposition, l'église fait partie intégrante de l'œuvre en plongeant le visiteur dans une atmosphère sombre, presque mystique. C'est sous les statues des Saints que Can Memişoğulları a en effet choisi d'exposer son œuvre.
Complètement inspiré par trois ouvrages de Jules Verne qui traitent de volcans, Can Memişoğulları propose une représentation originale d'une éruption volcanique. Passionné par le sujet, il estime que les volcans ont plutà´t une connotation négative au sein de l'opinion publique, mais qu'en réalité leur existence garantirait la fertilité de la terre des alentours. Il souhaite ainsi partager une vision différente de ces montagnes redoutées. Après de nombreuses recherches scientifiques sur le sujet et plus de cinq mois de travail, il présente une œuvre générée avec des outils informatiques simulant l'éruption d'un volcan. Les couleurs ne sont pas laissées au hasard : du rouge pour la lave, ou encore du bleu pour l'eau.
Connaissant bien l'acoustique de l'église pour avoir déjà exposé à cet endroit, l'artiste a réalisé un support musical très calme qui provoque des envies méditatives. Habitué à créer le visuel seulement après avoir composé la musique, il change cette fois ses habitudes en gardant la composition sonore pour la fin. Placez-vous devant et laissez-vous aspirer par la capacité hypnotique de l'œuvre qui vous emmènera loin dans vos désirs d'exploration lointaine.
Can Memişoğulları est un artiste qui s'intéresse particulièrement aux relations de l'homme avec la technologie. Il est convaincu que l'art est un puissant moyen d'explorer et de créer du débat autour de la manière dont les technologies facilitent notre communication et notre connexion. Ses œuvres sont souvent interactives et immersives, en mêlant une composition musicale avec le visuel. Ainsi, il invite son public à s'engager pleinement dans sa réalisation en prenant en considération tout l'environnement dans lequel les personnes se trouvent. Comme avec l'église Saint-Benoit ici. Outre l'aspect esthétique de son travail, il cherche à stimuler intellectuellement son spectateur. Ainsi, il crée une expérience complète pour la personne qui s'intéresse à son art : complète spatialement, mais également dans la réflexion. Son objectif est réellement de provoquer une réflexion et un dialogue vis-à -vis de nos relations avec les technologies.
à€ cette exposition participent deux autres artistes. Aux cà´tés de Can Memişoğulları, Marguerite Bornhauser présente une série de photographies intitulée Back to Dust, ayant pour objectif de confronter le spectateur à sa perception du temps et de la réalité. Enfin, Arek
Qadrra s'est joint à eux avec son œuvre Journey N1 qui explore, dans une approche fictive, le dénouement et l'ambiguïté de potentielles histoires qui sont reconstruites à travers chaque expérience.
Le festival 212 Photography Istanbul présente d'autres expositions dans divers endroits de la ville : Kadıköy Square, Taksim Art, Museum Gazhane, MSGSU Tophane-i Amire Culture and Art Center... Toutes les informations sont disponibles sur leur page internet ou sur leurs réseaux sociaux (@212photographyistanbul).
Hannah Berthomé