L’événement était extrêmement attendu par les Turcs, impatients d’honorer Mustafa Kemal Atatürk, père fondateur de la Turquie. Les festivités ont cependant été impactées par la guerre qui sévit en Palestine et par le deuil national déclaré par Recep Tayyip Erdogan la semaine précédente. Retour sur ce weekend riche en événements.

Les festivités du 29 octobre, victimes d’un combat politique

Recep Tayyip Erdogan a choisi le samedi 28 octobre, veille du centenaire, pour organiser à Istanbul un immense meeting en soutien à la Palestine. Après avoir annoncé quelques jours auparavant que la Turquie était prête à s’engager militairement dans ce conflit, le président turc a réuni des milliers de stambouliotes pour prononcer un discours anti-Occident et pro-Palestiniens. L’opposition a saisi l’opportunité pour critiquer les célébrations organisées par M. Erdogan : elle y verrait une manière d’éclipser la figure de Mustafa Kemal du récit national. Plusieurs voix de l’opposition ont déclaré que les festivités organisées par le gouvernement seraient minimes et que tous les efforts auraient été consacrés à la cause palestinienne. « Un meeting géant pour la Palestine, pourquoi pas ? Mais pourquoi pas quelques jours plus tôt ou plus tard, pourquoi se servir de cette cause comme excuse pour ne pas fêter la République ? », se questionnait le journal turc Cumhuriyet.

Un vrai combat politique a eu lieu dans les journaux turcs à propos des célébrations. Tandis que l’opposition conspuait l’annulation de programmes télévisés et de certains événements sous le prétexte du deuil national, le journal progouvernemental Sabah chantait les louanges de M. Erdogan en estimant que le peuple et l’État s’étaient réconciliés. Sabah critiquait les événements organisés par les mairies d’opposition, qu’il a réduit à « danser la zumba au son de la musique techno », alors qu’il y avait l’opportunité d’assister au défilé des drones et des navires de guerre turcs sur le Bosphore.

Le discours de Recep Tayyip Erdogan : la fierté d’un héritage riche

Malgré les critiques, le président turc a prononcé un discours fort à l’occasion du 29 octobre. Il a notamment déclaré que le peuple turc célèbre « le centième anniversaire de la République, avec la fierté d’avoir un héritage fort, riche et profondément enraciné ». Dans la continuité de son discours anti-Occident de la veille, M. Erdogan a déclaré qu’« aucune puissance impérialiste ne pourra empêcher la République turque d’emprunter le chemin vers le bonheur, le succès et la victoire ». Il a également fait part d’un projet de nouvel accord avec l’Espagne pour obtenir une version améliorée du navire TCG Anadolu et augmenter le nombre de porte-avions à deux.

La Turquie sous les célébrations

Bien que certaines festivités aient été annulées après la proclamation du deuil national, les Turcs étaient de sortie pour célébrer l’anniversaire de leur République. Les rues d’Istanbul

étaient bondées, notamment près du Bosphore. En effet, tout le monde était désireux d’assister au défilé militaire qui a permis au public d’admirer le nouveau fleuron de la marine turque, le TCG Anadolu. Une partie de la flotte militaire turque était présente et des démonstrations aériennes ont réussi à impressionner les passants : des Turkish Stars et des Solo Türk ont parcouru le ciel stambouliote durant l’après-midi.

En plus des transports gratuits tout le week-end, de nombreuses festivités et rassemblements ont eu lieu dans toute la ville, ainsi qu’à Ankara ou encore à Izmir. Le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, a notamment appelé à se rassembler à Maltepe Sahil Parki. Des spectacles visuels et des feux d’artifice ont été projetés dans de nombreux endroits : sur la gare d’Haydarpasa, le palais de Dolmabahçe, ou encore sur la tour de Galata.

De nombreux espaces culturels ont également mis à l’honneur l’anniversaire de la République et Atatürk ces derniers jours : on retrouve dans plusieurs villes des expositions, des visuels spécifiques au centième anniversaire. Un espace d’exposition intitulé « Le siècle turc d’hier à aujourd’hui » a par exemple pris place en face du centre culturel Atatürk à Taksim.

Bien évidemment, comme chaque année, une cérémonie a eu lieu le dimanche matin à l’Anitkabir, le mausolée d’Atatürk à Ankara.

Hannah Berthomé.