Un lieu insolite en face du MUCEM à Marseille

« Un lieu insolite juste en face du MUCEM qui retrace la découverte de la grotte Cosquer », « superbe expérience », « la reconstitution est remarquable, dans le détail », ou encore « vraiment génial »... Ce sont les commentaires que l’on peut lire sur internet de la part des visiteurs de Cosquer Méditerranée. (un article de Hannah Berthomé)

Par Aujourd’hui la Turquie
Publié en Avril 2024

Ouverte au public en juin 2022, l’attraction est située face au fameux MUCEM, le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, à la Villa Méditerranée, tout près du vieux port de Marseille. Ce centre muséal abrite dorénavant une réplique partielle de la grotte Cosquer et de ses œuvres pariétales les plus importantes.

La grotte Cosquer

La grotte Cosquer est une grotte ornée qui se situe elle-même à Marseille, dans la calanque de la Triperie. Elle date du paléolithique supérieur, période de la préhistoire qui s’est développée en Europe avec l’arrivée des premiers Homo sapiens, il y a environ 45 000 ans. On estime que les premières fréquentations dans la grotte datent de 33 000 ans, tandis que les dernières remontent certainement à 19 000 ans.

En 1985, Henri Cosquer réalise ses premières incursions dans la grotte et découvre les peintures. En 1992, la grotte est enfin classée au titre des monuments historiques, mais fait aujourd’hui malheureusement face aux conséquences du changement climatique : la montée des eaux la rend inaccessible à pied d’homme, elle est donc vouée à disparaitre.

Pourquoi réaliser une restitution de la grotte ?

Sous l’impulsion de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’objectif de cette restitution est à la fois de rendre visible et accessible un patrimoine préhistorique unique au monde, ainsi que de mieux connaître nos ancêtres du paléolithique supérieur. Enfin, la restitution a également pour but d’appréhender la problématique du changement climatique et de la montée des eaux menaçant le site originel. La grotte se dégrade très rapidement : la conservation des peintures se fait difficile et des petites secousses sismiques endommagent encore plus l’intérieur. Ainsi, face à sa difficile préservation et à la difficulté d’accès (37 mètres de fond et un tunnel de 137 mètres précédant l’entrée), la restitution semble être le seul moyen pour partager au grand public ces richesses historiques. Comme pour la grotte Chauvet, c’est la société Kléber Rossillon qui a été choisie pour restituer et exploiter la grotte.

Une visite pour faire voyager dans le temps

La visite débute au rez-de-chaussée, dans un club de plongée restitué, celui où Henry Cosquer se préparait pour ses promenades sous-marines. Un ascenseur simule un caisson de plongée pour rejoindre la base sous-marine à 37 mètres sous la mer. On embarque ensuite dans de petits véhicules pour remonter dans le temps jusqu’au paléolithique. Après une réelle immersion où le visiteur a vraiment l’impression d’être dans la grotte, un film documentaire sur la découverte de la grotte lui est présenté. Enfin, le lieu comporte également la Galerie de la Méditerranée, qui permet d’en savoir plus sur nos ancêtres du paléolithique supérieur.

Un million de visiteurs pour Cosquer Méditerranée

Le 19 septembre 2023, Cosquer Méditerranée a atteint son objectif d’un million de visiteurs depuis son ouverture. Le lieu a eu beaucoup de succès parmi les locaux : 63 % des visiteurs sont issus de la région, dont 50 % sont Marseillais. 25 % proviennent du reste de la France et 12 % sont des touristes étrangers. Le succès de Cosquer Méditerranée touche également les établissements scolaires, avec 7 % d’élèves accueillis depuis l’ouverture. Il était important pour le site d’obtenir en premier lieu l’adhésion des Marseillais. Pour Frédéric Prades, le directeur général du site pour Kléber Rossillon, le musée a surtout attiré les visiteurs grâce à la renommée de la grotte Cosquer qui était déjà acquise.

Il est tout de même nécessaire de ne pas s’emballer après ce premier succès rapide. En effet, le prix du billet adulte reste cher (16 euros) et l’effet de curiosité du début risque de s’atténuer. Fidéliser les visiteurs semble peu aisé dans la mesure où le musée ne renouvelle pas ses expositions.

Hannah Berthomé