Affaire Arda Turan : les réponses de maître Yusuf Can Delipınar

L’ancien joueur turc du FC Barcelone, Arda Turan, se retrouve aujourd’hui ruiné après suivi les conseils douteux d’un conseiller bancaire concernant des placements financiers. (un article de Hannah Berthomé)

Par Aujourd’hui la Turquie
Publié en Avril 2024

Il a relaté au journal espagnol Sport la manière dont il a été victime d’une arnaque organisée par Seçil Erzan, directrice de la banque Denizbank. Le footballeur aurait perdu plus de 13 millions d’euros et ne serait pas le seul concerné par ces arnaques : c’est également le cas des personnalités du monde du football Fatih Terim, Emre Belezoglu ou encore Selçuk Inan.

Maître Yusuf Can Delipınar a répondu aux questions d’Aujourd’hui La Turquie à propos de cette affaire.

À votre avis, quelle fraude aurait pu mettre en œuvre Seçil Erzan ? Quels conseils aurait-elle donné aux joueurs pour les escroquer ?

À mon avis, la première intention de Seçil Erzan n’était pas de frauder les joueurs. Elle essayait de gagner de l’argent en utilisant la fortune des joueurs. Mais elle investissait dans des domaines à risque en bourse pour obtenir des revenus élevés. Cela ne s’est pas passé comme prévu, et elle a dû demander à d’autres d’injecter plus d’argent pour payer les autres de cette manière. Ce que l’on peut comprendre du dossier, c’est qu’elle a promis des revenus très élevés pour un délai très court.

Quelle est votre analyse de la mise en examen de Seçil Erzan ? L’affaire avec Arda Turan a-t-elle été l’élément déclencheur ?

Nous savons tous qu’avant les élections, les taux d’intérêt en Turquie étaient maintenus à un niveau bas. C’est pourquoi de nombreuses personnes ont essayé d’investir leur argent dans différents domaines afin d’en maintenir sa valeur. Il y a eu plusieurs victimes de ce type de fraude en Turquie. Mais bien sûr, quand il y a des noms très célèbres comme Arda Turan dans le dossier, l’attention de la presse augmente. Par ailleurs, nous avons également pris connaissance des enregistrements des dialogues entre Arda Turan et Seçil Erzan. La connaissance de ces dialogues en détails a rendu le sujet plus intéressant.

Le téléphone de Seçil Erzan vient d’être analysé par un expert en cyber sécurité. Qu’est-ce que cet examen a permis de révéler ? Existe-t-il d’autres preuves connues ?

Avec l’analyse d’un expert en cyber sécurité, le tribunal peut également fournir les données supprimées du téléphone. De cette façon, nous pouvons en apprendre davantage sur la manière dont les joueurs ont été convaincus de donner autant d’argent en espèces.

À quoi doit-on s’attendre à présent du côté juridique ?

Ce qui est le plus important pour les avocats des joueurs, c’est le lien de la banque avec cette affaire. Si le tribunal détermine une relation entre la banque et les transactions, ou bien si d’autres dirigeants de haut niveau de la banque sont impliqués dans cette affaire, les joueurs tenteront de compenser leurs dommages auprès de la banque. Les gens sont également curieux de connaître la relation de Fatih Terim avec cette fraude. Car en public, le fonds de Seçil

Erzan s’appelle « Fonds Fatih Terim ». Cependant, personne ne sait grand-chose à propos de la relation de Fatih Terim avec ce fonds.

Que risque Seçil Erzan ?

Il semblerait que Seçil Erzan ait menti pour convaincre différentes personnes de lui confier leur argent. Si c’est le cas, elle a alors commis une fraude et elle risque une peine de prison. Nous savons qu’elle se trouve déjà en détention préventive.

Doit-on par ailleurs s’attendre à une baisse de confiance, voire à un boycott de la Denizbank ?

Au vu des documents qui ont jusqu’à présent été révélés à la presse, nous ne voyons pas d’implication directe de Denizbank dans cette affaire. Il s’agit principalement de Seçil Erzan. Mais bien sûr, nous ne connaissons pas tous les détails et toutes les preuves qui constituent le dossier. Il est clair que les avocats des plaignants tentent de prouver une relation entre la banque et la fraude. Ils visent ainsi à compenser leurs dommages auprès de la banque.

Propos recueillis par Hannah Berthomé