Première expérience d’une « bombe d’Izmir »

Parmi les spécialités culinaires turques peu connues à l’étranger, il existe un cocktail explosif : la bien nommée bombe d’Izmir. Je l’ai goûtée cette semaine pour la première fois. Sans regret. (un article de Gabrielle Mahias)

Par Aujourd’hui la Turquie
Publié en Juin 2024

Considérant que le registre salé de la nourriture turque surpasse celui du sucré, conquise par les succulents açma, pide et autre börek plus que par les saveurs compliquées pour moi du künefe, habituée certes à la nourriture purement française, je plaçais peu d’attentes dans la dégustation de la bombe d’Izmir, qu’on m’avait évoquée comme un dessert extrêmement lourd, peu élaboré et très linéaire dans le goût et la texture. C’est vrai, et pourtant...

Pour la petite histoire, ce biscuit fourré est probablement une évolution du murabbalı mecidiye, un autre kurabiye (biscuit) de l’époque ottomane, et vient de la région d’Izmir, d’où son nom parfaitement académique.

Concrètement, cette boule un peu aplatie est faite d’un biscuit extrêmement fin, clair et souple, lequel entoure une garniture onctueuse à base de chocolat grossièrement coulant composant, à vue d'œil, les 97 % de l’ensemble. Servie chaude, il n’y a pas réellement de technique ou de protocole pour la déguster, si ce n’est qu’il faut surtout veiller à ne pas se salir… ce que je n’ai pas réussi à faire lors de mon premier essai. Dès que la boule est percée, le chocolat coule à flot sur l’assiette et les doigts. Il n’y a pas de couverts pour la dégustation, puisque techniquement, la bombe d’Izmir est aussi une spécialité de street food.

Dégoulinante à l’extrême, la bombe d’Izmir ne peut prétendre être réussie qu’avec un très bon chocolat, l’enjeu étant en fait que cette pâtisserie ne soit pas écœurante. Elle nécessite donc un chocolat de qualité, pas trop sucré, bien cacaoté, et chaud. La pâte, quant à elle, a pour but de contenir le chocolat plus que d’apporter un goût spécifique.

À titre personnel, je l’ai dégustée avec du thé, ce qui a adouci le goût très puissant du chocolat et la lourdeur sucrée du dessert. Et c’était excellent ! Si mes vêtements ont quelque peu souffert de ma maladresse dans la dégustation de cette spécialité, la bombe d’Izmir restera pour moi un nuage de douceur qui offre l’expérience du bon chocolat pour tous ses amateurs.

Gabrielle Mahias