La deuxième génération : Şenay Can

Autre personnalité issue de la deuxième génération, Şenay Can nous retrace son histoire dans le cadre de cette édition spéciale.

Par Aujourd’hui la Turquie
Publié en Juin 2024

Le père de Şenay Can est parti pour la Belgique en 1965, à l’âge de 33 ans, pour des raisons professionnelles. Elle se souvient encore avec précision du trajet en train qu’elle, sa mère, sa sœur et son frère, ont parcouru depuis Istanbul pour le rejoindre à Bruxelles quelque mois plus tard. La famille y a ensuite vécu de façon difficile au début, car la barrière de la langue française a été très dure à surmonter. Mais avec l’aide d’un ami vivant près de chez eux à la Chaussée de Haecht, l’épanouissement a commencé à s’opérer.

Malheureusement, la mère de Şenay Can est tombée malade et est rentrée à Istanbul pour les soins, ce qui a précipité le départ de la famille. Şenay Can a ainsi recommencé sa première année d’école en primaire en Turquie car elle ne connaissait pas l’alphabet turc. C’est ensuite en 1969 que la famille est de nouveau repartie pour le royaume de Belgique, largement aidée dans leur intégration par l’oncle de Şenay Can et sa femme, de nationalité belge.

Mais après des années de vie en Belgique, les parents de Şenay Can ont décidé de revenir au pays en 1984. Şenay, qui se sentait a priori d’abord Turque, a fait le même choix quelques mois après. Elle a toutefois dû apprendre la langue turque soutenue, qui n’était pas pratiquée à la maison. Ce choix de retourner en Turquie a aussi été celui de sa sœur, qui vit aujourd’hui à Istanbul. En revanche, son frère est resté en Belgique et s’est marié à une Anversoise, ce qui prouve encore une fois la complexité de la deuxième génération : certains ne comptaient pas rester en Belgique, quand d’autres y ont fait leur vie ! Et Şenay Can le confirme : de nombreux membres de la famille partis en Belgique et bien intégrés n’ont pas l’intention de revenir en Turquie. Ainsi, les petits-enfants du frère et de la sœur de Şenay grandissent très loin et différemment des autres. La preuve, une fois encore, qu’il n’y a pas qu’une seule réalité dans l’immigration, et que chaque personne, chaque famille suit sa propre trajectoire.

Gabrielle Mahias