La Chambre de Commerce belgo-luxembourgeoise en Turquie, en quelques questions

Nous avons rencontré M. Tuğrul Şeremet, président de la Chambre de Commerce belgo-luxembourgeoise en Turquie.

Par Aujourd’hui la Turquie
Publié en Juin 2024

Depuis combien de temps la Chambre de Commerce de Belgique à Istanbul existe-elle, et quels sont ses missions et principaux objectifs ?

L'Association commerciale turco-belgo-luxembourgeoise a été fondée à Istanbul en 1926 par des entrepreneurs turcs et belges. Elle vise à améliorer et développer les relations commerciales et industrielles entre les deux pays. Seule chambre de commerce tripartite opérant en Turquie, la Chambre a le statut d'association en Turquie et est membre accrédité de la Fédération belge des Chambres de Commerce. Elle représente les trois régions de Belgique en Turquie, et est donc en contact étroit avec la FIT (Flanders Investment & Trade), l'Awex (Agence Wallonne à l'Exportation et aux Investissements Étrangers) et Hub.Brussels.

Quel est le volume des échanges commerciaux entre les deux pays ?

En 2023, les relations commerciales ont atteint 15 milliards, et ce niveau est assez équilibré en termes de volumes d'échanges mutuels entre les deux pays. À titre de comparaison, dans le cas des relations commerciales sino-belges, le volume des exportations est en faveur de la Chine. Cet équilibre export-import est donc réjouissant pour les relations commerciales turco-belges.

Bien que le volume des échanges commerciaux entre la Turquie et la Belgique soit principalement dominé par l'automobile et les pièces détachées, la Belgique figure parmi les pays leaders au monde dans le domaine de la médecine et des produits pharmaceutiques, notamment grâce aux investissements qu'elle a réalisés dans le domaine de la R&D. En outre, les produits chimiques, les combustibles minéraux et les huiles occupent une place importante dans le commerce, de par la capacité de tonnage du port d’Anvers.

La Turquie, quant à elle, exporte vers la Belgique dans les domaines de l'automobile, des pièces détachées, du fer et de l'acier, des combustibles minéraux, du pétrole et du textile.

Compte tenu de l'évolution rapide du volume des échanges ces dernières années, il semble possible de viser un volume de 20 milliards de dollars.

Quel est le nombre d’entreprises belges installées en Turquie ? Quels sont les principaux secteurs d’investissements belges en Turquie, et leur répartition géographique ?

L'Association professionnelle belgo-luxembourgeoise compte plus de 50 membres belges ou ayant des activités en Belgique et en Turquie. Ces entreprises sont pour la plupart localisées à Istanbul, mais aussi à Bursa, Eskişehir et Izmir. L’Association regroupe principalement des entreprises de l’agroalimentaire, mais compte aussi des entreprises opérant dans les secteurs de la chimie, de la pharmacie, de la banque, de la construction, de l'énergie et de la logistique.

La crise économique engendrée par la guerre et la conjoncture internationale ont-elles des conséquences sur les échanges commerciaux et les investissements en Turquie ? 

Les concepts de « friend-shoring » et de « quasi-shoring », utilisés pour exprimer le déplacement de l’externalisation vers des pays proches et amis, sont des concepts importants pour expliquer les relations belgo-turques. Les principales conséquences de la guerre en Ukraine sont les sanctions économiques initiées par l’Union européenne contre la Russie. À cette occasion, la Turquie est devenue le troisième partenaire commercial de l'Union européenne après la Chine et les États-Unis. De plus, le corridor commercial du Nord a presque atteint le point de fermeture. Si l’on en croit les développements prévus pour l’été 2024, le volume des échanges dans le corridor médian va augmenter de façon exponentielle, ainsi que l’utilisation de ce corridor. Le déplacement des importations et des exportations des pays d’Asie centrale vers l’Europe via la Turquie est inévitable et constitue un résultat naturel du projet Global Gateway. Actuellement, un volume important de commerce de transit en provenance des pays du BENELUX s'est déjà déplacé vers le corridor médian, et il s’accroîtra encore progressivement.

Que pouvez-vous nous dire des investissements turcs en Belgique ?

Le nombre d’entreprises turques en Belgique va en augmentant, suite aux leçons tirées des perturbations de la chaîne d’approvisionnement pendant et après l’épidémie de Covid-19. De nombreux exportateurs turcs dans les domaines de la chimie, des biens de grande consommation et de l'automobile ont également mis en œuvre l'option soit de conserver des stocks, soit de produire en Europe. Soutenir les initiatives des attachés commerciaux des Régions belges dans ce domaine fait partie des activités de l'Association commerciale turco-belgo-luxembourgeoise. L'usine de production de bouteilles en verre ouverte par Ciner Holding à Lommel (Région flamande), est un exemple de ces investissements.

Quelle est l’importance de la Turquie pour la Belgique, et comment voyez-vous l’avenir des relations entre les deux pays ?

Nous pouvons raisonnablement nous attendre à ce que la Belgique figure durablement parmi les dix premiers pays ayant le plus d’investissements étrangers directs en Turquie. Nous espérons voir notre volume d'échanges atteindre 20 milliards d'euros le plus rapidement possible, avec la réunion JETCO, l’intensification des missions diplomatiques et l'augmentation des représentants permanents des associations à but non lucratif et chambres turques à Bruxelles.