Dilara Pars, première femme à monter sur le podium de la Coupe présidentielle turque de saut d’obstacles

Le 30 septembre 2023, la cavalière turque Dilara Pars réalise une prouesse : à 35 ans, elle est la première femme à monter sur le podium de la Coupe présidentielle turque de saut d’obstacles. (un article d'Hannah Berthomé)

Par Aujourd’hui la Turquie
Publié en Juin 2024

Pour Aujourd’hui La Turquie, elle a accepté de revenir sur cette journée intense et sa victoire partagée avec son cheval Daramis De Champlong, à Ankara.

Quel a été votre parcours de vie ? Il semblerait que vous ayez effectué un changement de vie radical pour devenir physiothérapeute équin, parallèlement à votre carrière de cavalière…

Ma vie tourne essentiellement autour des chevaux. Je n’ai qu’un seul jour de repos par semaine, c’est le lundi. Le reste de la semaine, je monte généralement à cheval le matin, puis je fais de la thérapie équine. J’ai fait des études de commerce au Royaume-Uni pendant quatre ans, puis je suis revenue en Turquie à la fin de l’année 2011. J’ai ensuite travaillé pour une entreprise environ quatre ans. Dès la dernière année, j’ai compris que je n’étais pas faite pour rester derrière un bureau de neuf heures à dix-sept heures. J’avais besoin d’être entourée de chevaux, d’animaux, et j’avais besoin de monter autant que je le souhaitais. J’ai donc décidé de consacrer entièrement ma carrière aux chevaux.

Que représente pour vous la Coupe présidentielle ? Quel effet cela vous a-t-il fait de participer à ce concours ?

C’est l’une des compétitions les plus importantes en Turquie pour le saut d’obstacles, et l’une des catégories les plus élevées (145 cm). C’est donc l’un des concours les plus difficiles, et seuls les meilleurs cavaliers et chevaux y participent. Pour ces raisons, je me sens à la fois honorée et exaltée.

Étiez-vous surprise de terminer en deuxième place de la compétition ? Quelles étaient vos attentes ?

Je souhaitais effectuer un parcours net avec mon cheval. Pour être honnête, il m’est difficile d’être à la fois nette et rapide. J’ai donc tendance à être plus lente que les autres car je suis plutôt réticente au risque ‒ comme dans chaque aspect de ma vie, d’ailleurs. Mais cette fois-ci, j’ai pris quelques risques et je suis sortie de ma zone de confort, ce qui était très surprenant pour moi et pour tous ceux qui me connaissent. Je ne m’attendais donc pas à terminer le concours en deuxième position.

Selon vous, est-il aisé ou non d’être une femme cavalière en Turquie ?

Pour être honnête, je ne rencontre pas vraiment de situations compliquées. Au contraire, je me sens de mieux en mieux encouragée, et bien accueillie au niveau dans lequel je concours en ce moment. C’est très inspirant pour moi de participer à des compétitions de niveau plus élevé, qui comptent très peu de femmes. J’essaye en même temps d’être un modèle pour les plus jeunes qui ont besoin d’inspiration pour leur future carrière.

Quelle est votre philosophie de monte ? Et par qui êtes-vous inspirée ?

Je pourrais parler de ce sujet pendant des heures. J’ai le sentiment que ma philosophie est plutôt particulière, et rare par rapport à ce que je perçois autour de moi. Je fais toujours passer mon cheval au premier plan, quelle que soit la situation. Nos chevaux mettent toujours tout leur cœur à accomplir le travail qu’on leur demande, et en tant que cavalier ou propriétaire, il est nécessaire de leur être reconnaissant de ce sacrifice. Je suis persuadée que c’est seulement en formant une équipe avec son cheval que l’on peut dépasser ses limites et attentes. Ainsi, je suis avec attention certains nouveaux cavaliers internationaux, tels que Marcus Ehning pour sa manière de monter, ou Luciana Diniz pour sa relation avec son cheval.

Comment vous préparez-vous pour un tel concours, physiquement et mentalement ? Et comment faites-vous face à la pression le jour J ?

Je ne suis pas de nature calme. Je deviens stressée rapidement, et il est difficile pour moi de contrôler l’excitation. J’ai souvent souffert du stress, et j’ai essuyé plusieurs échecs à cause de ça. J’aime être seule avant le moment où je dois concourir, pour pouvoir me concentrer sur ce que je dois faire et visualiser mentalement mon parcours plusieurs fois. C’est ce qui me donne de l’assurance et de la confiance. Et bien sûr, à côté de mes entraînements de monte, je fais de la préparation physique pour être le plus en forme possible.

Avez-vous une anecdote à raconter à propos de cette compétition ?

En fait, je n’avais pas compris que j’étais la première femme à monter sur le podium, jusqu’à ce que j’en descende et que je reçoive des appels ! Comme je l’ai dit, c’était vraiment inattendu, j’avais été plutôt rapide en comparaison avec mes précédentes performances…

Quels sont vos prochains objectifs ?

La compétition la plus proche à laquelle j’espère participer est la Coupe Atatürk, qui se déroulera à Adana en novembre. Comme le nom le suggère, c’est le concours le plus important en Turquie. J’espère vraiment y obtenir un bon résultat avec mon cheval.

Propos recueillis et traduits de l’anglais par Hannah Berthomé.