Survivre sans abonnement payant en 2024

Netflix, YouTube, Spotify… Ces abonnements payants pour des services, en particulier en ligne, semblent être incontournables dans la société contemporaine. Voici cependant un article d’une survivante de « l’ancien temps », une résistante de cette société de l’abonnement. (un article de Gabrielle Mahias)​​

Par Aujourd’hui la Turquie
Publié en Juin 2024

En effet, d’après une étude menée par One Poll et JDN, seuls 2 % des Français ne sont abonnés à aucun bien ou service

De la presse aux voyages en passant par des services de restauration, le système de l’abonnement plaît. Simple, il permet aux consommateurs d’avoir accès à une grande quantité de services ou de biens en échange d’un paiement mensuel. Parmi les plus récents, Netflix avec sa position omniprésente dans la société depuis les confinements liés à la pandémie de Covid-19, est l’exemple parfait montrant l'expansion constante de ce modèle. Le taux de croissance moyen en France du modèle de l’abonnement est d’ailleurs de 19 %.

Mais, moi, je résiste. Pourquoi donc ? Pourquoi ne ressens-je pas ce besoin devenu une évidence pour tant de personnes ? Pourquoi ai-je mis fin au peu d’abonnements que j’ai eus dans le passé ? Suis-je exclue de la société contemporaine ? Comment ma famille consomme-t-elle ? Voici autant de questions liées les unes aux autres et auxquelles je vais tenter de répondre au mieux.

Le fait essentiel par lequel commencer est la sensation, voire la conscience, de perdre de l’argent. Pour un salaire mensuel minimum en France, il m’est impossible qu’en plus des charges telles que l’eau, l’électricité, le loyer, la nourriture et les transports, de dépenser mensuellement une dizaine d’euros pour un seul service. Cette conviction de perdre 120 € par an me hante. Et même en ayant l’aisance financière suffisante, la question est : que choisir ? D’après les témoignages de mes proches, il faut souvent s’abonner à la fois à Netflix, Amazon Prime et Disney + en ce qui concerne le streaming, parce que sur chacune de ces plateformes, « il n’y a rien de bien ». Accumuler donnerait donc plus de chance de trouver un bon programme. Or, payer pour se donner éventuellement une chance de trouver un seul bon programme n’est pas dans ma logique.

Autrement dit, les plateformes de streaming semblent être devenues des réflexes et effets de mode, plus que des choix rationnels. Et même s’il y avait un bon programme sur l’une des plateformes, cela ne vaudrait pas un abonnement mensuel. C’est par exemple ce qu’avouait un proche après avoir testé un abonnement à Canal+, la chaîne de télévision à péage par excellence en France. Certes, on peut y voir la cérémonie des Césars et des Oscars. Mais ce sont des événements si occasionnels ! L’abonnement limite les risques pour les entreprises, mais les ménages sont à la merci de l’offre du moment. Ils paient tous les mois, mais n'apprécient vraiment que quelques programmes. En tout cas, c’est ce que je retiens des discours de mes proches.

Aussi, l’une des raisons les plus importantes à mon absence d’abonnement est le temps. N’ayant déjà pas le temps de profiter des services classiques de télévision en France comme France TV et autre Arte, je n’ai aucune raison de payer davantage et ne pas plus en jouir. Parce que l’étendue des chaînes gratuites est déjà immense, notamment grâce au système de replay disponible. Et mes activités favorites dans mon temps libre ne sont pas nécessairement casanières. J’aime sortir en ville, à la campagne, voir mes proches. Bien sûr, j’aime me détendre et me reposer. Mais quoi de mieux que de s'asseoir sur un banc au soleil toute une après-midi au parc et à ne rien faire. Le soir ? C’est là que je profite des services gratuits de télévision ou de YouTube quand je ne cuisine pas.

Mais il faut nuancer. Peu importent les habitudes de consommation et de vie, il existe un abonnement qui nous convient, d’où la force du modèle. C'est pourquoi j’ai eu des abonnements par le passé et je recommencerai plus tard. Ce magazine jeunesse que je recevais dans ma boîte aux lettres tous les quinze jours et que je dévorais en moins d’une heure me rend nostalgique. Mon club de tennis affilié à la FFT me manque aussi, car la motivation d’un groupe et d’un coach est invincible face à mes faibles velléités. Mais la résistance dont je parle est surtout celle vis à vis de divertissements, et de biens et services peut-être moins traditionnels.

En fait, la façon dont mes parents m’ont éduquée est possiblement une cause de ces habitudes de consommation. Familialement parlant, nous n’avons pas la culture de l’abonnement. Nous voyons ce modèle comme un piège commercial plus qu’un service utile à nos vies. En fait, nous ne nous sommes jamais réellement posé la question. La société de l’abonnement ne nous paraît pas naturelle, et jamais nous n’avons ressenti le besoin d’entrer dans cette pratique… Pour l’instant !

Gabrielle Mahias