Je crois que nous attendons tous « le bon moment » pour faire les choses… Mais c’est quand ? Je vois fondre mon avenir, et la seule chose que je puisse faire, c'est regarder. Je veux lire tous les livres, regarder tous les films, faire des rencontres, visiter tous les pays… Juste vivre. Mais je suis dans mon lit, et tout ce que je fais, c’est dormir. Depuis le début, je suis très fatiguée, mais j'attends beaucoup de choses de la vie. J'aimerais parfois que les jours soient plus longs, que les livres soient gratuits, que nous puissions rire toute la journée sans souci, et surtout, que nous ne souffrions pas en grandissant. Le but de notre existence est-il juste de travailler pendant toute notre vie ? Je ne le pense pas, mais la plupart du temps, c'est l'impression que cela donne… C’est, peut-être, l’effet secondaire du fait de grandir, ou c’est que le capitalisme est en train de nous rattraper… 

Ces dernières années, je pense à ce qui se passerait si nous faisions ou agissions comme on l’a souvent souhaité, si nous poursuivions nos rêves « ridicules »… Je veux parler à tous ceux qui, à seize ans, pensaient que la fin du monde allait arriver. Car c'était aussi mon cas. Je pense que nous ne pouvons pas aller plus loin : même lorsque nous rêvons, nous pensons que le monde va s'arrêter avec nous, alors qu’au fond, nous savons tous que tout est plus grand que nous. C'est dans ces moments-là que je commence à penser au but de la vie, une fois de plus. J'ai toujours voulu avoir un impact sur le monde, du moins sur les personnes qui me sont proches, mais même cela me semble parfois impossible. Chacun se consacre tellement à ses propres idées qu'il n'a plus le temps d'écouter celles des autres. Je voudrais leur donner un avis sur beaucoup de choses : l'humanisme, le féminisme, la politique, les livres… Mais parfois, tout cela me semble si vain… Je pense que nous avons très peur de grandir, de franchir le cap des dix-sept ans. Toutes les chansons parlent de ça. Je pense que nous avons simplement peur parce que nous pensons que nous nous rapprochons d'un âge où nous devrions comprendre le but de la vie. 

Je pense que ce que nous ne comprenons pas, c'est que la vie ne s'arrête pas lorsque notre premier amour rompt avec nous ou lorsque nous échouons à un examen. La vie ne s'arrête pas lorsque nous perdons le contact avec nos amis d'enfance ou lorsque nous mangeons une part de gâteau supplémentaire. Nous sommes tous des adolescents qui essaient de comprendre la vie, et le problème est que nous agissons tous comme si nous n'étions pas confrontés aux mêmes problèmes. Nous sommes tous si méchants les uns envers les autres, si intolérants, comme si nous, nous ne nous énervions pas pour les moindres détails… Et c'est dévastateur. Le monde est cruel, donc nous ne devons pas l'être. 

Je voudrais terminer en partageant avec vous un poème anonyme anglais :

Ils disent que les jours paraissent longs

Et les années courtes ;

Mais les cours étaient lents, les semaines encore plus ;

Mais, ah ! tout ce temps, qu'il soit rapide ou lent, a été ma vie,

Et j'ai simplement continué à la regarder s'écouler.

Lorin Defne Kamacı

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