Zaman ne çabuk geçiyor !

Quatre ans après sa prise de fonction comme Consul général de France à Istanbul, Monsieur Olivier Gauvin s'apprête à quitter son poste cet été pour partir au Koweït comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française.

Par Aujourd’hui la Turquie
Publié en Juillet 2024

Quatre ans après sa prise de fonction comme Consul général de France à Istanbul, Monsieur Olivier Gauvin s'apprête à quitter son poste cet été pour partir au Koweït comme ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française. L’occasion pour lui de dresser un bilan de son mandat et des relations entre l’Europe et la Turquie.

L’unique Cappadoce, le site antique de Pamukkale, ses multiples rencontres, un tour en bateau sur le Bosphore en buvant un bon thé turc, le kokoreç… L’histoire et la géographie de la Turquie n’ont cessé d’enchanter Olivier Gauvin, Consul général de France à Istanbul.

Pour Monsieur Olivier Gauvin, venu à Istanbul à plusieurs reprises avant sa nomination, travailler et vivre dans cette ville historique et cosmopolite s’avérait particulièrement réjouissant car à titre personnel, il adore l’histoire et apprécie la diversité. Et il a effectivement beaucoup aimé Istanbul.

Quand vous avez su que vous alliez travailler en Turquie, quelle image aviez-vous de ce pays, et qu’avez-vous pensé de cette nomination ?

J’étais extrêmement enthousiaste ! J’avais d’Istanbul l’image d’une ville au long passé historique ‒ or j’aime beaucoup l’Histoire ‒, et d’une ville cosmopolite ‒ et j’adore la diversité. C’était donc extrêmement motivant. J’avais d’Istanbul une image fidèle à la réalité, c’est-à-dire très belle, vivante, dynamique, foisonnante. Bref, une ville qui fait rêver !

Le poste de Consul général de France à Istanbul est-il convoité parmi les diplomates ?

Oui, c’est un poste très demandé en raison de son importance dans notre réseau diplomatique et consulaire. La France entretient des liens très forts avec la Turquie depuis près de cinq siècles, beaucoup de ces liens passent par Istanbul, et c’est donc un poste recherché pour sa diversité d’activités professionnelles, où le Consul général agit en relation étroite avec notre ambassade à Ankara. Nous exerçons bien sûr des activités consulaires, c’est-à-dire les services aux Français et les visas, c’est l’objectif premier de la mission. Mais nous contribuons aussi à la plupart des projets culturels, économiques, éducatifs et universitaires qui passent par Istanbul et qui sont liés à la coopération entre la France et la Turquie.

Si vous deviez retenir quelques moments marquants de ces quatre années…

C’est difficile, car il y en a beaucoup. Le Consul général à Istanbul est compétent dans la circonscription qui s’étend sur toute la partie Ouest de la Turquie, ce qui représente une communauté française de plus de 8 000 personnes. Ces quatre années ont été marquées par le très grand nombre et la diversité des rencontres effectuées à Istanbul et sa circonscription, et ce dans tous les domaines. Je pense évidemment à mes rencontres au sein des associations francophones et avec des lycéens et étudiants du réseau francophone.

J’ai aussi été marqué par la vivacité de nos relations dans le milieu économique : les échanges commerciaux sont passés d’environ 14 milliards lors de mon arrivée en 2020 à plus de 23 milliards d’euros aujourd’hui. J’ai rencontré de nombreux entrepreneurs, responsables commerciaux français ou turcs, notamment dans les 450 entreprises françaises implantées en Turquie. J’ai aussi assisté au lancement de la French Tech d’Istanbul, en présence de Franck Riester, alors ministre délégué chargé du commerce extérieur. Les visites officielles sont toujours des moments marquants dans la vie d’un poste. Nous avons accueilli la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Catherine Colonna, et plus récemment, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, pour célébrer les 30 ans de l’Université Galatasaray.  

Dans le domaine artistique, pour ne citer que quelques exemples, je garde un très bon souvenir de ma rencontre avec des grands noms de la littérature comme Orhan Pamuk ou du passage de l’artiste franco-suisse Saype à Istanbul, dans le cadre de son projet Beyond Walls : il avait réalisé une œuvre monumentale et flottante, sur le Bosphore !

Y a-t-il une rencontre qui vous a particulièrement touché, à laquelle vous penseriez instinctivement ?

Oui. C’était après les terribles séismes qui ont frappé le Sud-Est de la Turquie. En compagnie des responsables du gouvernorat et du ministère des Affaires étrangères turc, je suis allé à l’aéroport d’Istanbul accueillir une équipe de sauveteurs volontaires d’une ONG de pompiers français qui revenait des zones sinistrées et repartait en France ; une autre équipe allait les remplacer. Ces sauveteurs nous ont fait part de leur expérience sur le terrain. C’était très fort et très poignant.

Dans un registre plus léger, j’évoquerais la très belle rencontre faite en mai dernier au sein d’une association de promotion du football féminin, le Woman Football Club créé par la Franco-Turque Berivan Çolak. Cette association organise des entraînements et des matchs de football pour les femmes et promeut ainsi l’égalité des droits et des chances à travers le sport. Un parcours inspirant, à quelques jours du début des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

Dans une ville trépidante comme Istanbul, votre agenda était certainement très chargé. Comment l’avez-vous géré ? Était-ce difficile ?

C’est effectivement un défi permanent. La ville et sa circonscription sont immenses, il y a tant d'activités et de domaines qu’il est impossible de tout couvrir. Idéalement, le Consul général à Istanbul devrait avoir le don d’ubiquité ! Il nous faut donc fixer des priorités en concertation avec les partenaires et l’équipe. Car bien sûr, un Consul général ne pourrait rien faire sans son équipe et laissez-moi saisir cette occasion pour saluer le travail remarquable de tous mes collègues à Istanbul, leur engagement et leur sens du service, en toutes circonstances. Je les remercie du fond du cœur car sans eux rien ne serait possible.

En Turquie, beaucoup de gens, dont des chefs d’entreprise, se plaignent de leurs difficultés à obtenir un visa pour la France. Pourriez-vous nous dire pourquoi ?

Il y a un écart entre la perception que vous décrivez et la réalité. La réalité, c’est celle des chiffres. En 2023, les Turcs étaient la deuxième nationalité (juste après les Chinois) à demander des visas ‒ et à les obtenir ‒ pour entrer dans l’espace Schengen, avec 1 050 000 demandeurs de visa. Si ce nombre de demandes est exceptionnel, le nombre de visas délivrés est également très élevé : environ 85 % des demandes aboutissent favorablement. L’année dernière, environ 850 000 visas ont été délivrés à des ressortissants turcs par des pays de l’espace Schengen, dont la France. Chaque jour de travail, notre Consulat général à Istanbul ne traite pas moins de 500 à 600 demandes de visas, ce qui représente 100 à 110 000 visas par an auxquels il faut ajouter les demandes traitées par notre consulat à Ankara. Au total, la France traite environ 150 000 demandes de visas de ressortissants turcs chaque année.  (...)

Propos recueillis par Dr Mireille Sadège, Dr Hüseyin Latif et Gabrielle Mahias.

[1] Comme le temps passe vite !