L’écrivaine britannique Virginia Woolf et ses combats pour le pacifisme et le féminisme pendant la première moitié du XXe siècle ont été mis en lumière dans une excellente soirée organisée au lycée français Notre-Dame de Sion, sous les auspices du Consulat général de Belgique. Ce spectacle a eu lieu à l’occasion de la célébration de la francophonie.
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Lors d’une lecture-spectacle en accueil international produite par l'UCLouvain en collaboration avec les Midis Poésie de la Maison-Poème à Bruxelles (asbl reconnue par les services de la Fédération Wallonie-Bruxelles de Belgique pour son travail artistique et littéraire), Pascale Seys, Valérie Bauchau et Carine Bratslavsky ont fait en mars dernier à Istanbul une lecture brillante sur le thème « Virginia Woolf, écrire dans la guerre ». S’appuyant sur de nombreuses lettres écrites par Virginia Woolf à sa sœur et confidente Vanessa Bell, les artistes ont narré et contextualisé ces textes. La lecture, très forte, est revenue sur divers moments forts de la vie de Woolf tels que la mort de ses parents, l’inceste, la maladie mentale, les guerres et enfin sa mort.
Travaillant au Bloomsbury Group de Londres, Woolf rencontre dans sa carrière de nombreux intellectuels avec qui elle peut partager des idées, comme son lesbianisme. Elle défend puissamment dans ses écrits une théorie motrice du féminisme moderne et pacifique selon laquelle toutes les guerres ont été décidées par des hommes, puisqu’aucune femme, mère, sœur, ne pourrait choisir d’envoyer mourir ceux qu’elle aime. Touchée par la perte de son neveu dans la guerre civile d’Espagne débutée en 1936, elle connaît intimement cette cause.
Après des années d’écriture de romans et essais, en 1941, au cœur de la Seconde Guerre mondiale, elle confie à sa sœur entendre de nouveau des voix, comme au début du siècle, mais sans pouvoir y résister cette fois. Dans sa folie, elle décide finalement de se suicider le 28 mars dans l’Ouse, une rivière proche de sa maison de Rodmell en Angleterre.
Le spectacle, sans musique ou presque, était concentré sur les voix et leurs intonations, reflétant ainsi directement la raison de vivre de Woolf : l’écriture. Des sous-titres turcs aidaient les personnes non-francophones à suivre. La parole et les mots étaient le concept et le cœur de l’histoire, portés par les magnifiques voix de Valérie Bauchau, Carine Bratislavsky et Pascale Seys. Fermer ses yeux pour se laisser prendre par les émotions de cette vie dramatique, entre grandeur intellectuelle et environnement désastreux, offrait la meilleure expérience immersive, même pour commencer à connaître Virginia Woolf.
En outre, l’introduction de cette lecture-spectacle d’une heure environ propose de comprendre l’intemporalité des écrits de Woolf, en les réutilisant pour observer avec un nouveau regard la guerre en Ukraine depuis 2022, et la guerre armée entre le Hamas et Israël depuis 2023. Une soirée poignante et enrichissante.