L'agonie du Hezbollah accélérée, entre pressions internes et menaces extérieures (Un article de Jules Pissembon)

​Les résultats de l’élection présidentielle libanaise reflètent un affaiblissement significatif du Hezbollah. Le « Parti de Dieu », gravement ébranlé par sa guerre contre Israël et par l’effondrement du régime d’al-Assad en Syrie, se trouve désormais mis en difficulté au Parlement libanais.

Par Aujourd'hui la Turquie
Publié en Février 2025

​Le Hezbollah a rapidement exprimé son opposition à la candidature de Joseph Aoun, qu’il perçoit comme un vassal des puissances occidentales, notamment des États-Unis et de la France, qui ont exercé des pressions en faveur de sa nomination, comprises comme des tentatives d’ingérence. Par ailleurs, le statut de Joseph Aoun en tant qu’ancien dirigeant de l’armée régulière libanaise suscite des inquiétudes au sein du parti chiite, qui craint qu'il ne devienne un acteur renforçant l’influence de l’armée sur les affaires nationales. Cette dynamique risquerait de limiter le rôle des partis politiques dans la gouvernance du pays et de menacer les intérêts spécifiques du Hezbollah, qui demeure une force militaire concurrente de l’armée régulière. Cependant, conscient de son influence réduite au Parlement, le Hezbollah a finalement rejoint la majorité pour permettre la victoire de Joseph Aoun au second tour. Le proxy iranien s'est ensuite abstenu lors de la désignation du nouveau Premier ministre, illustrant ainsi son hostilité à la figure jugée « trop pro-occidentale » de Nawaf Salam. George Adwan, député du bloc chrétien des Forces libanaises, proche de l'extrême droite française, a appelé le Hezbollah à « s'engager dans le travail politique », soulignant que « l'ère des armes est révolue pour toujours ». « Nous leur tendons la main pour collaborer à la reconstruction du pays », a-t-il ajouté. Le parti de Naïm Qassem traverse une période difficile, et la direction qu'il prendra à l'avenir déterminera son rôle et son avenir politique au Liban.