Cisjordanie : une occupation qui s’intensifie, entre offensives militaires et expansion coloniale (Un article de Jules Pissembon)

​Alors que la trêve à Gaza reste fragile, Israël intensifie sa mainmise sur la Cisjordanie, nourrissant les craintes d’une annexion totale. L’UNRWA, l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine, dont les activités ont été sévèrement restreintes par deux lois adoptées fin octobre 2024 par la Knesset, alerte sur une escalade de la violence en Cisjordanie.

Par Aujourd'hui la Turquie
Publié en Mars 2025

L’agence onusienne s’inquiète de l’intensification préoccupante des expulsions forcées de Palestiniens, qualifiant leur rythme d’ « alarmant ». Ces dernières semaines, Israël a déjà déplacé près de 40 000 personnes. Après le cessez-le-feu à Gaza, l’État hébreu a intensifié ses opérations en Cisjordanie, multipliant les raids meurtriers à Jénine, Tulkarem et Tamoun, faisant au moins 30 morts en deux semaines. Les camps de réfugiés sont ciblés en priorité, exposant une population déjà vulnérable à de nouveaux dangers. Considérés par Israël comme des « foyers de résistance », ces camps incarnent aussi la mémoire vivante des expulsions et des violences subies depuis 1948. D’après l’ONU, 60 % des déplacements de Palestiniens enregistrés en Cisjordanie l’an dernier résultent des opérations militaires israéliennes. Répétées et destructrices, ces offensives rendent les camps inhabitables, alimentant un cycle incessant de déplacements forcés. À cette violence physique s’ajoute une répression législative et symbolique, réduisant encore davantage les droits des Palestiniens sur leurs terres et sapant leur existence même sur ces territoires.

            Le 29 janvier, la Knesset a adopté en lecture préliminaire un projet de loi permettant aux citoyens israéliens d’acheter directement des terres en Cisjordanie occupée. Porté par le parti d’extrême droite HaTzionout HaDatit, ce texte vise à abroger une disposition héritée de l’administration jordanienne interdisant aux non-musulmans d’y acquérir des biens immobiliers. Une mesure qui ouvre la voie à une dépossession accrue des Palestiniens, menacés d’expropriation à grande échelle. Pour que le projet devienne loi, il doit encore être soumis à plusieurs votes à la Knesset. Pendant ce temps, l’allié indéfectible d’Israël, les États-Unis, continue de légitimer son expansion coloniale. Fraîchement réélu, Donald Trump a levé les sanctions imposées par l’ancienne administration contre les colons extrémistes de Cisjordanie. Il a également accueilli le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu, malgré le mandat d’arrêt international qui le vise, et évoqué l’idée de transformer Gaza en « Côte d’Azur du Moyen-Orient », laissant entendre un déplacement forcé de ses deux millions d’habitants. Le 6 décembre 2024, le sénateur républicain Tom Cotton a présenté un projet de loi visant à remplacer le terme « Cisjordanie » par « Judée et Samarie » dans les documents fédéraux américains, justifiant cette initiative par les « droits historiques » du peuple juif sur la région. Une tentative supplémentaire de légitimer l’occupation israélienne et de banaliser ses ambitions expansionnistes.