Des polémiques sur l’attribution de la compétition, l’homophobie du pays hôte et l’exploitation des travailleurs ont vite été balayées par le brouhaha de la dernière semaine. Le public, les médias et les responsables politiques de premier rang ont bien répondu présent et la Coupe du Monde est encore une fois devenue un succès. 

Comme tout a une fin, la Coupe du Monde 2022 est finalement passée. Mais tenez-vous bien ! Vous n’avez encore rien vu !

Le véritable événement, c’est la Turquie même et ça va se jouer en 2023, l’année qui sera peut-être la plus longue de toute l’existence du pays. Une petite liste d’actualité politique suffirait à souligner cet esprit de compétition qui s’approche.  

Du côté du pouvoir, une proposition de révision constitutionnelle relative au port du voile est actuellement à l’ordre du jour du Parlement. Aucune piste, en ce compris un recours au référendum, n’est en ce moment à négliger. 

Du côté de l’opposition, les partis s’organisent, des alliances se forment autour des tables à six ou dans les rues alors que deux fois vainqueur, le maire de la plus grande ville du pays est sous le coup d’une condamnation pénale qui, une fois définitive, lui interdira d’exercer tout mandat politique.

Au milieu de tout cela, les constitutionnalistes débattent la possibilité ou non pour le président actuel de pouvoir se présenter une troisième fois au suffrage universel. 

Et bien évidemment, nous ne savons encore rien à propos des dates des élections présidentielles et législatives. 

Le calendrier politique de la Turquie reste tout sauf lisible. Mais c’est là que résident précisément la force, l’attrait et le dynamisme de ce pays. À cheval entre deux continents, la Turquie est très loin du calme et de la retenue d’une Scandinavie. La politique s’y fait autrement. Les dés se jettent autrement, les stratégies se forment autrement. D’autres logiques règnent dans cette partie de la planète. 

Et c’est en cela que l’année qui vient ressemblera plus à la fièvre d’une coupe du monde qu’à une année banale d’élections. 

Au cas où tout cela ne vous paraîtrait pas suffisamment épicé, soulignons également d’autres dates fondamentalement importantes pour le pays. Cet été, la Turquie va commémorer le centenaire du Traité de Lausanne, traité qui acte la victoire de la nouvelle Turquie indépendante sur la scène internationale. Puis, en automne, elle va fêter le centième anniversaire de la République, la plus grande fête politique du pays. La Turquie contemporaine fera son entrée dans son deuxième siècle d’existence. 

Personne ne pourra, à l’heure actuelle, vous le dire, mais la question traverse l’esprit de tous les observateurs de ce pays fascinant :

Qui tiendra la coupe dans ses mains, le soir du 29 octobre ? 

À suivre !

Ali Türek